Un laisser-passer belge pendant la première guerre mondiale.

Dans un précédent petit article (voir bulletin n° 22 de juin 2005), j’ai eu le plaisir de souligner le fait que c’est grâce à la ville de Calais qu’une des plus grandes raretés de la philatélie belge a vu le jour : l’utilisation de timbres colis postaux de l’émission provisoire de 1915 (connue comme émission « Roue Ailée ») sur des bulletins d’expédition à destination du « Service des Colis » installé à Calais dès fin 1915. Ce « Service des Colis » dépendait de l’Armée Belge en Campagne, qui dirigea aussi le « Chemin de Fer Belge en Campagne » s’occupant de l’exploitation de ligne de chemin de fer de Calais vers Adinkerke-La Panne via Dunkerque.

Pour ce faire l’armée a fait appel à des spécialistes et cheminots travaillant, avant le début des hostilités, pour les Chemins de Fer en Belgique. Ces Messieurs devaient être exfiltrés de la Belgique et envoyés vers la France par la voie des Pays-Bas neutres. Arrivés en France ils étaient intégrés dans l’Armée de Campagne Belge. Récemment nous avons découvert un document illustrant le périple que devaient faire ces fonctionnaires avant d’arriver à Calais, leur ville d’accueil pour plusieurs années. Nous en reproduisons ici le recto et le verso, ce qui doit nous permettre de suivre leur traces.

  1. Etant arrivé sans encombre aux Pays-Bas, l’Inspecteur des chemins de fer Guillaume Van der Auwera se fait délivrer un laissez-passer par le Consulat de Belgique à Flessingue, port important dans l’embouchure de l’Escaut (17 février 1915).
  2. Il se présente ensuite au Vice-consulat Britannique qui lui donne un visa de transit afin de pouvoir se rendre en France, en transitant par le Royaume Uni (17.2 ).
  3. Notre Inspecteur doit sans doute attendre presque trois semaines avant de trouver une place sur un bateau se rendant en Angleterre, car on enregistre son arrivée à Londres le 8 mars.
  4. Il arrive à Folkestone le 10 mars où il se présente au Vice-consulat de Belgique. Celui-ci lui donne le 13 mars son autorisation pour se rendre en France par Calais.
  5. Ce 13 mars sera une longue journée pour notre Inspecteur, surtout au niveau administratif.

C’est ainsi que successivement il fera viser son laissez-passer par le Vice-consulat de France qui lui donne l’autorisation de se rendre « à Calais, via Calais » ; ensuite cette même autorisation lui est accordée par le Commissaire de Police Français délégué auprès du Grand Quartier Général à Folkestone , toujours « pour Calais via Calais ».
Et finalement le document de voyage est visé, au départ de Folkestone, par l’Alien Officer Britannique.

Et ainsi notre cheminot se retrouve le 13 mars 1915 à Calais, pour y commencer une belle carrière d’Inspecteur des Chemins de Fer Belges de Campagne. Peut-être y a-t-il participé à la mise sur pied du « Service du Colis Postal » ? Nul ne nous le dira …

Par Henk Slabbinck